L’évolution des traitements
Le traitement du cancer connaît une véritable révolution : l’immunothérapie. De quoi s’agit-il ? D’un ensemble de techniques visant à booster le système immunitaire pour qu’il s’attaque aux tumeurs. Et cela sans affecter l’ensemble de l’organisme. De plus en plus de cas sont ainsi traités, avec des résultats toujours plus probants. Les progrès sont constants : près de 30 000 brevets ont ainsi été déposés dans le monde et 2500 essais cliniques sont en cours. Ainsi, les armes employées aujourd’hui contre le cancer, et qui le seront de plus en plus, sont à la fois plus efficaces, plus précises, moins invasives et mieux supportées.
Ces nouvelles avancées se font « au détriment » de la chimiothérapie qui a largement fait ses preuves, mais aussi montré ses limites. Désormais, même, certains types de cancers (leucémie myéloïde, tumeurs gastro-intestinales, certains cancers du poumon…) ne se soignent déjà plus avec la chimiothérapie.
De son côté, la radiothérapie fait des progrès constants grâce à ce qu’on nomme « la modulation d’intensité » : aujourd’hui, il est possible d’envoyer une puissante dose de rayons sur la tumeur tout en préservant les tissus sains environnants. Cette haute précision permet de limiter les séquelles.
Dans un avenir un peu plus lointain – mais sait-on jamais ? -, une autre forte source d’espoir concerne le vaccin ARN messager du laboratoire Moderna – en partenariat avec Merck – contre le mélanome (cancer de la peau touchant 320 000 personnes chaque année dans le monde et 2000 en France) en cours de développement. Caractéristique de ce futur médicament : il est propre à chaque patient. Une sorte de carte d’identité de la tumeur est élaborée afin de cibler avec une grande précision les antigènes à détruire. Le terme de « vaccin » est employé, mais il s’agit bien d’un traitement destiné à aider l’organisme à lutter contre la maladie en stimulant son système immunitaire et non d’un vaccin prophylactique conçu pour empêcher la survenue de la maladie.
Bien d’autres pistes existent, qui suscitent des espoirs raisonnables. Ainsi, le test sanguin permettant de détecter précocement une cinquantaine de cancers différents chez des personnes apparemment en bonne santé présenté au dernier congrès de l’ESMO (European Society for Medical Oncology). Une vaste étude portant sur 140 000 personnes est en cours en Angleterre pour valider ce type de test.
Par ailleurs, à l’occasion du dernier congrès de l’ASCO (American Society of Clinical Oncology), une étude clinique a été révélée, montrant qu’un nouveau médicament, baptisé dostarlimab a permis de guérir le cancer rectal de la totalité des malades traités à titre expérimental. Aujourd’hui, ce type de cancer est traité par chimiothérapie, puis une ablation du rectum et la pose d’une poche externe.
Au Japon, une équipe spécialisée dans les virus oncologiques – modifiés en laboratoire, ils sont destinés à pénétrer dans les cellules cancéreuses, s’y multiplier et les faire « exploser » – a, pour la première fois, vaincu le glioblastome, un cancer du cerveau jusqu’alors incurable. Un an après le début du traitement, 84 % des patients sont encore en vue. Ces virus oncologiques représentent aussi une espérance de progrès, au même titre que les vaccins thérapeutiques et les thérapies ciblées.
Parmi les nombreuses sources d’espoir, citons deux types de cancers dont on parle peu et qui connaissent aussi des progrès remarquables :
Le cancer de l’endomètre
Les cancers de l’endomètre (muqueuse qui tapisse le corps de l’utérus), de plus en plus fréquents (plus de 8000 cas par an), sont mieux caractérisés et bénéficient de traitements personnalisés. Ces cancers surviennent en moyenne vers 65 ans. Parmi les facteurs, on peut citer l’obésité, une disposition génétique, une puberté précoce, une ménopause tardive… Face à ce cancer, une chirurgie mini-invasive, c’est-à-dire sans nécessité d’ouvrir le ventre, est aujourd’hui pratiquée pour enlever l’utérus, par coelioscopie ou robot. Une radiothérapie réduite est utilisée dans le même approche bien plus conservatrice des ganglions qu’avant. Désormais, l’association chimiothérapie-radiothérapie n’est plus envisagée que face aux tumeurs proliférantes et aux formes avancées. Dans certains centres spécialisés, des stratégies peuvent même préserver la fertilité des jeunes femmes non ménopausées – rares, heureusement -qui développent ce type de cancer.
Les cancers ORL
Peu évoqués, les cancers de la tête et du cou, cancers ORL, sont pourtant la cinquième cause de cancer en France. Au cours de ces dernières années, ils ont aussi bénéficié de progrès spectaculaires. Notamment grâce au recours de plus en plus important à la chirurgie assistée par un robot face aux tumeurs, prises à un stade précoce, du pharynx ou du larynx. Les micro-instruments que le robot tient au bout de ses bras peuvent pénétrer jusqu’au fond de la gorge, ce qu’une main humaine ne peut pas faire. Assis devant une console, le chirurgien manipule des joysticks reliés au bras du robot. La tumeur peut ainsi être retirée par la bouche et la cicatrisation s’en trouve largement améliorée. La trachéotomie est ainsi évitée, ce qui permet de minimiser les complications post-opératoires et de remanger plus rapidement.