Les premières années de l’enfant sont essentielles pour établir un lien d’attachement. En développant un lien stable, solide et sécurisant avec ses parents, le bébé, puis le tout petit enfant, a plus de chance d’être bien équipé pour gérer les difficultés de la vie, s’épanouir et s’adapter au groupe.

La construction du lien est un véritable enjeu. Il est en effet prouvé que la solidité de ce lien permet une socialisation plus facile, une plus grande confiance en soi et dans sa relation aux autres, ainsi que de l’adaptabilité face aux situations de la vie. Ce lien facilite également l’apprentissage, le développement moteur et intellectuel. Aider les parents à créer les conditions du développement de l’enfant est donc un enjeu individuel et de société.

Le soutien à la parentalité est une mission de l’EPE (École des Parents et des Éducateurs). « L’éducation est un chantier permanent. C’est la condition du maintien de son caractère vivant et donc de son efficacité. Aux adultes de construire les modalités nouvelles de la mise en œuvre de ces repères essentiels. Mais il est de plus en plus difficile de le faire seul. « C’est la réflexion collective qui remplace les “prêts à porter” que nous fournissait jusqu’alors la société”, expliquait le Professeur Philippe Jeammet, en prenant la présidence de l’EPE (École des Parents et des Éducateurs) d’Île de France en 2001. Dans le cadre de l’EPE de Marseille, Isabelle Audry, coordinatrice des animations, accompagne les familles et organise des rencontres collectives (groupes de parole, cafés des parents…). Au programme ? « L’autorité et le cadre éducatif », « Être parent, est-ce que ça s’apprend ? »

Être parent, est-ce que cela s’apprend ?

« Cela ne s’apprend pas intellectuellement, cela s’éprouve, se pratique en tenant compte de ses émotions. Bien sûr cela se réfléchit, on peut avoir des idées sur la façon d’éduquer, mais elles ne doivent pas être qu’intellectuelles. »        Pour cette conseillère conjugale et familiale, le rôle de parent touche en chacun quelque chose de très profond. « Dans la création du lien avec son enfant, des choses inconscientes se rejouent qu’on négocie plus ou moins bien. Mais c’est une relation dans laquelle il y a bien deux personnes, le parent et l’enfant. C’est l’enfant qui fait devenir le parent que nous sommes », considère-t-elle. Toutefois, « c’est le parent qui est acteur. Si on met le projecteur sur l’enfant, les parents doivent aussi se mettre au travail, l’enfant est le symptôme de quelque chose qui appartient aux parents ».                                                                                                                                                                                        Elle est convaincue que c’est avec les parents qu’il faut avancer. Il s’agit de donner des pistes, des éléments de connaissance sur le développement et les besoins psychoaffectifs du jeune enfant. « Parler avec un tiers permet l’échange, la réflexion. Le groupe aussi est vertueux, il amène le soutien, le retour d’expérience. »

Des problématiques communes

En effet, beaucoup de problématiques sont communes. Celle de la séparation par exemple. « Les séparations sont continuelles, explique Isabelle Audry, il y a la crèche, puis l’école. Si les crèches peuvent aider dans ce passage, les enseignants sont moins formés à l’écoute, pour accueillir cette séparation, dédramatiser les pleurs à l’entrée en petite section ».                                                                                                                                                                                        La question du cadre et de l’autorité reviennent également beaucoup. Trop ou pas assez.Pour certains, l’enfant est vu comme n’ayant pas besoin de cadre, un peu livré à lui-même, pour d’autres, c’est la difficulté à dire non qui doit être travaillée sans culpabilité.                                                                                                                                                    Parfois, il y a aussi trop de cadre. « Avec une grande pression, une sur stimulation, qui ne laisse pas grandir les enfants en prenant en compte leurs besoins. Certains enfants ont des agendas de ministre et la barre est placée tellement haut que cela génère des problèmes de pression », constate Isabelle Audry.

Des situations plus fragiles

L’EPE de Marseille, qui intervient également sur une partie des Bouches du Rhône, a pour mission de se rendre sur les territoires prioritaires. Quels que soient les milieux sociaux les parents sont investis, selon Isabelle Audry. Cependant, « quand les parents sont très préoccupés par les besoins primaires comme boucler les fins de mois, donner à manger à ses enfants, cela occupe toute la place psychologiquement. Cela enferme le parent dans sa difficulté, il ne peut pas être libre pour penser l’éducation de ses enfants. C’est extrêmement anxiogène. On ne mesure pas tous les bienfaits que cela peut procurer de les accompagner, sans les juger, de leur apporter les outils dont ils ont besoin ».

 

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