Les Maisons des Familles ont été fermées pendant le confinement mais ont maintenu leur activité. GPMA a financé une partie de l’achat de masques pour soutenir cette présence sur le terrain. Christophe Beau, responsable de ce programme aux Apprentis d’Auteuil, explique comment ces Maisons ont innové pour soutenir des familles à la fragilité accrue par la crise sanitaire.

Vous avez maintenu le lien avec les familles qui ne pouvaient plus être accueillies.

Il y avait urgence à maintenir ce lien pour les soutenir, créer des espaces d’échange. La situation pèse lourdement sur ces familles. Il y a les défis de l’école à la maison alors qu’elles sont sous-équipées, rencontrent des difficultés avec la langue, la tension liée aux petits espaces, les violences conjugales…

Certaines situations sont particulièrement tendues…

Cette crise sanitaire a évidemment révélé des fractures dans le logement, le numérique… Au niveau scolaire, c’est criant. Des familles d’immigrés avaient peur de sortir de crainte d’être repérées. Il y a une conformité aux normes, y déroger c’est être d’autant plus discriminé. Ces familles ne se servaient même pas de l’heure de sortie possible. On les a aidées à sortir.

Pour les familles monoparentales, c’est particulièrement difficile. Les mères seules ont peur d’être malades, de ne plus pouvoir s’occuper de leurs enfants, avec la crainte du placement.

Et puis, il y a ceux qu’on ne voit pas, qui vivent d’une économie parallèle. Les activités non déclarées se sont complètement arrêtées, ces personnes se retrouvent sans revenus. Cette crise a rendu des familles encore plus invisibles…

Comment avez-vous mis en place de nouvelles formes de lien ?

Les Maisons ont nourri des pages Facebook, développé des groupes WhatsApp avec des familles, organisé des visioconférences. Un rythme quotidien pensé par les équipes pour donner du cadre, des repères avec des temps de prise de contact, des défis pour soutenir l’école, de la créativité. C’était magique de voir les familles montrer leurs talents se filmer pour montrer une recette de cuisine par exemple.

Il y a aussi eu des appels téléphoniques quotidiens et de la présence physique. Nous avons fait le lien avec l’Éducation Nationale en permettant aux enseignants de transmettre les devoirs, des bénévoles ont fait du soutien scolaire, du portage alimentaire.

Les maisons commencent à rouvrir. Nous ne pourrons plus faire de collectif, car nous sommes limités maintenant à 10 personnes. Nous proposons donc plutôt des accueils individualisés, avec une logistique de prise de rendez-vous. Nos pratiques vont devoir changer. Mais nous sommes tous appelés à nous réinventer.

Cela invite à l’innovation ?

C’est une période exceptionnelle de créativité. Chaque Maison des Familles a développé des stratégies et des stratagèmes pour garder le lien en s’appuyant sur les réseaux sociaux. Le numérique est entré dans les pratiques du social.

Les consignes sanitaires modifient la philosophie d’ouverture, le principe des rencontres informelles dans les Maisons des Familles. Nous allons faire plus de hors les murs. Puisque les familles ne peuvent plus venir, nous allons aller vers elles, proposer des activités à l’extérieur, démultiplier les interactions. Le numérique va être maintenu.

Il s’agit de voir comment on transforme tout ça. Il y a eu beaucoup de souffrances et d’émotions non exprimées. Comment fait-on une relecture de cette période ? Comment laisse-t-on une trace de tout ce qu’on a appris sur soi, de toute la production artistique, de tout ce qui a été fait par cette crise ? Une réflexion doit à présent être menée.

 

En savoir plus :

https://www.maisondesfamilles.fr

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