Coup d’envoi du tournoi des Six Nations ce samedi 4 février ! Hors de la mêlée à Twickenham ou au Stade de France, l’association Drop de Béton place le rugby au cœur de la vie.
« C’est parti, d’une de ces discussions où on refait le monde au cours d’une troisième mi-temps », raconte Jean-Claude Lacassagne, co-fondateur et co-président de l’association Drop de Béton. Constatant que les jeunes des quartiers ne venaient pas dans les écoles de sports, il décide d’aller à leur rencontre, leur faire découvrir le rugby et ses valeurs.
Très vite, les intervenants du club remarquent, au cours de leurs actions, des évolutions comportementales intéressantes, notamment chez les jeunes les plus agités. Ces observations conduisent Yves Appriou, entraîneur du club de Mérignac et Jean-Claude Lacassagne, secrétaire général, à penser qu’il est dommage de limiter leur démarche au simple objectif de garnir les rangs de l’école de rugby. Ce sport se révèle un véritable « outil dans le domaine de l’insertion sociale ». Par ailleurs, cette action s’est rapidement enrichie des réponses apportées aux lacunes constatées d’abord des dans le domaine de l’hygiène, de la santé et de la nutrition. « Les gosses arrivaient sans rien dans le ventre ou une alimentation pas vraiment adaptée à une activité physique ». Avec ce premier projet, elle se voit décerner le label nutrition santé. Un sujet aujourd’hui totalement intégré dans les interventions de l’association.
En juillet 1997, Drop de Béton devient une association et prend son autonomie par rapport au club de rugby de Mérignac. Autre surprise : la forte présence des « gamines », comme les appelle Jean-Claude Lacassagne. Il note alors un « désir d’émancipation et d’affirmation de soi ». Si cela est vrai à Mérignac, ce sentiment est largement conforté au niveau de l’antenne de Drop de Béton ouverte en Ile de France qui accueille plus de 90 % de filles.
Cette situation conduit les dirigeants de l’association à créer des sections féminines, à Mérignac et en Île de France, qui participent aux compétitions organisées par la FFR sous les noms des « Melting-Drop 3.3 et Melting-Drop 9.3».
Le champ de l’insertion par le rugby s’élargit au fil des années. En 2007, l’association présente un dossier au Comité National Olympique dans le cadre de « Soyez Sport » qui lui permet de bénéficier de la mise à disposition, pour deux ans, d’un agent de développement. Un éducateur, spécialiste du handisport et du sport adapté, est ainsi recruté. « Cela faisait longtemps que nous voulions avoir une action dans ce secteur. Nous pouvons depuis intervenir dans des institutions spécialisées avec des entraineurs qualifiés ». Là encore essai transformé pour Drop de Béton qui envoie dans la foulée un de ses joueurs aux Jeux Paralympiques de Londres. En 2009, son projet d’insertion et de mixité permet à Drop de Béton de recevoir le prix Atout Soleil.
L’association intervient également auprès des personnes sous main de justice, en liberté ou dans les prisons. Enfin, depuis 2015, elle est reconnue comme organisme de formation. Elle intervient donc désormais dans le cadre de l’insertion professionnelle.
Respecter les règles
Pourquoi attraper la passe du ballon ovale fonctionne-t-elle aussi bien ? « C’est le seul sport de combat collectif. Un sport de combat avec un ballon, donc un jeu. Mais pour que le jeu puisse se dérouler, il faut respecter ses règles, soutenir le partenaire ou combattre l’adversaire, explique Jean-Claude Lacassagne, cela implique solidarité, entraide et courage ». Selon lui, le rugby s’adapte autant à des jeunes sans repère qu’à des tétraplégiques en fauteuil qui y trouvent une nouvelle vie sociale. Ce joueur amateur met sa passion avec enthousiasme au service de causes qui lui semblent « très justes et de plus en plus nécessaires».
Avec succès, l’an dernier Drop de Béton a touché plus de 10 000 personnes et compte 14 salariés. Aujourd’hui l’association souhaite essaimer son concept au niveau national, répliquer ce qui fonctionne. Côté équipe dirigeante, la relève est déjà assurée. Deux jeunes femmes qui se sont mises au rugby aux débuts de l’association en sont aujourd’hui administratrices. Perpétuant l’esprit et témoignant de ce que cette association peut apporter.
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