Pratiquer une activité sportive pendant ou après un cancer est véritablement thérapeutique. Rencontre avec Roseline, éducatrice médico-sportive à la CAMI Sport & Cancer, autour d’une séance de tai-chi.

Au gymnase Suchet, ce cours de tai-chi pourrait ressembler à tous les autres. Avant la séance, une quinzaine d’élèves, entre 40 et 75 ans, discute ensemble. Roseline de Lauriston, l’enseignante, échange en aparté avec chacun d’entre eux. Un d’eux est très fatigué, un second souffre d’une douleur inexpliquée à la jambe. A un troisième, elle demande si le dernier après-cours s’est bien passé.
Pendant 30 ans, Roseline de Lauriston a enseigné le karaté. Jusqu’au jour où une personne de son club est touchée par le cancer. « Je me suis intéressée à l‘idée du combat contre la maladie ». En 2009, elle passe un DU Sport et Cancer et devient éducatrice médico-sportive en cancérologie. Depuis, elle propose dans le cadre de la CAMI Sport & Cancer des cours de Karaté et de tai-chi collectifs ou individuels en service d’hématologie à l’hôpital Saint-Louis dans des chambres stériles.
Une méthode spécifique
Ce mardi soir, la moitié des élèves sont en cours de traitement, l’autre en rémission. L’ambiance est concentrée et détendue. La voix posée de Roseline accompagne toute la séance, décrit chaque mouvement. « La décomposition du mouvement et du parcours du geste, dans un but de réappropriation corporelle, est ce qui caractérise notre méthode, le Médiété », explique l’éducatrice.
Elle plaisante également et se montre attentive. « Je ne les lâche jamais, dit-elle, ici on ne pense à rien d’autre ». Roseline appelle chacun par son prénom et se montre attentive aux fragilités des uns et des autres. « Ça va ton bras ? », demande-t-elle en passant près d’une jeune femme, puis corrige la posture d’une autre. Elle les encourage tous : « ne forcez pas au départ, ça vient petit à petit ».
Sous le signe de la vigilance
L’extrême vigilance est une condition nécessaire pour accompagner dans une activité physique des personnes plus fragiles. « Il faut les faire avancer et veiller sur chacun. Aujourd’hui, j’avais particulièrement à l’œil quelqu’un qui m’avait prévenu d’une douleur. J’étais vigilante sur son placement, pour qu’il ne se fasse pas mal ».
Quand un patient désire entrer à la CAMI pour pratiquer une activité, il est d’abord reçu par les éducateurs médico-sportifs. On le questionne sur son parcours de soins, ses effets secondaires, son histoire personnelle par rapport au sport, son mode de vie… « Cela permet de construire nos cours et de moduler nos exercices », explique Roseline.
Les éducateurs se réunissent une fois par mois pour échanger sur un métier parfois difficile. Il faut faire face à des patients qui rechutent, des malades qui donnent des informations lourdes qu’il faut savoir accueillir. Il faut instaurer « une distance thérapeutique. Notre métier c’est l’activité physique, nous ne pouvons pas être des psy ».
Opérée du sein en 2013, puis en chimiothérapie, Valérie est en rémission depuis deux ans. Elle s’implique dans le cours avec un immense sourire. « Cela m’a sauvé. L’activité m’a vraiment permis de supporter le traitement et de ne pas lâcher. »
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CAMI Sport & Cancer
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