Créée en 2003 par l’écrivain-voyageur Bernard Ollivier, l’association a pour mission d’amener des jeunes de 14 à 18 ans en rupture familiale, scolaire ou sociale, à se réinsérer dans la société à travers l’expérience d’une marche éducative de 3 mois en France ou à l’étranger. L’association laïque, agréée « lieu de vie et d’accueil » depuis 2014, accompagne les jeunes suivis par un service de la Protection judiciaire de la jeunesse ou de l’Aide sociale à l’enfance.
Paul Dall’Acqua, directeur de l’association, revient sur l’origine de ce projet lauréat du prix Atout Soleil : « Bernard Ollivier a découvert les vertus thérapeutiques de la marche suite à la perte de son épouse. Afin de surmonter la dépression qu’il traverse, il décide de marcher de sa Normandie natale jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle. Sur son chemin, il croise deux jeunes flamands délinquants accompagnés d’un éducateur qui entreprennent le même voyage. Il décide à son retour en France de créer Seuil pour proposer à des jeunes de se réinsérer à travers des marches longues à l’étranger pour vivre une rupture culturelle et linguistique favorisant l’introspection ».
Depuis sa création, l’association Seuil a aidé 350 jeunes. Chaque année, elle organise 35 marches éducatives. Paul Dall’Acqua nous en explique le fonctionnement : « nous travaillons de manière étroite avec les éducateurs, les services départementaux de l’Aide sociale à l’enfance et de la Protection judiciaire de la jeunesse, ainsi qu’avec les juges des enfants qui nous adressent des jeunes en difficulté. Le jeune part accompagné d’un adulte éducateur ou issu de la société civile et, durant toute la marche, ils sont en contact permanent avec l’équipe éducative. L’hébergement se fait en gite ou sous tente individuelle. L’accès à Internet, téléphone et musique est contrôlé afin de permettre au jeune de rompre avec ses habitudes. Un temps de silence de 2 heures par jour est aussi appliqué et un carnet de voyage est rempli quotidiennement. Le temps de cette marche permet ainsi aux jeunes à la fois de faire des rencontres mais aussi de se rencontrer lui-même. La dimension socialisation liée à cette marche est essentielle car une des caractéristiques de ces jeunes est le manque de confiance en l’adulte. Par ailleurs, c’est aussi un temps éducatif, de plaisir, de légèreté de découverte qui leur permet de réveiller en eux le sens de l’effort, de l’écoute. Les études d’évaluation de notre démarche montrent que la marche a eu un impact positif pour 73% des jeunes qui ont retrouvé un parcours de réinsertion sociale et/ou professionnelle ».
