Pour la 17ème édition de l’opération de mécénat Atout Soleil, le fonds de dotation « Nos Épaules et Vos Ailes », en collaboration avec GPMA, Generali et La Médicale, a lancé un appel à projets baptisé « Génération Zéro Addiction ». Il vise à soutenir les associations qui œuvrent pour prévenir les conduites addictives, qui aident les jeunes à se soigner et à se libérer durablement de leurs addictions, et qui apportent un soutien et des solutions à leurs familles.

Grand témoin de cette nouvelle édition, Jean-Victor Blanc est médecin psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine à Paris et spécialisé dans la prise en charge des addictions. Auteur de deux ouvrages, « Pop & Psy » et « Addicts : Comprendre les nouvelles addictions et s’en libérer », il nous aide à mieux comprendre ces maladies et à casser certaines idées reçues à l’aide de films, séries et de célébrités issues de la culture pop.

 

En tant que grand témoin de la 17ème édition du prix Atout Soleil et membre du jury de sélection, pourriez-vous nous expliquer en quoi ce prix revêt une importance particulière ?

C’est avant tout une opportunité d’offrir une visibilité accrue à une problématique, la santé mentale et les troubles psychiques liés aux addictions, qui reste trop peu abordée. Les addictions touchent tout le monde à différents degrés mais, comme les autres sujets psy, sont peu mises en lumière parce qu’elles font peur et sont entourées d’idées reçues et de stéréotypes. Des initiatives comme le prix Atout Soleil participent à lever les tabous autour de ces questions.

L’approche portée par le fond de dotation « Nos Épaules et Vos Ailes » est très intéressante car le prix cible plus spécifiquement les jeunes : leur prise en charge est essentielle car on sait que plus on adopte tôt des comportements à risques, plus les risques de sombrer dans une addiction sont élevés. D’autre part, le prix récompensera des associations qui portent des projets concrets partout en France pour protéger et accompagner les jeunes mais aussi leurs familles face aux multiples formes d’addictions.

De plus, le fonds de dotation s’inscrit dans une véritable démarche de long terme en organisant tout au long de l’année des webinaires pour sensibiliser le plus grand monde à ces problématiques et déconstruire les représentations erronées qui les entourent.

 

© Florent Vanoni

© Florent Vanoni

La pop culture est au cœur de votre travail de psychiatre. Quelle influence a-t-elle sur notre rapport aux addictions ?

L’influence est considérable, surtout chez les plus jeunes qui ont grandi avec l’essor des réseaux sociaux et des plateformes de streaming. L’image glamourisée et banalisée de la consommation de substances addictives, souvent véhiculée par les films et séries, peut avoir un impact néfaste sur eux. Des études montrent par exemple que les adolescents exposés à des contenus où l’on fume ont deux fois plus de risques de commencer à fumer eux-mêmes.

Le cas du cannabis est particulièrement préoccupant. Il est perçu comme une substance « bio » et inoffensive, sa consommation est régulièrement banalisée, voire encouragée, dans certains films et séries. Prenons l’exemple du film « LOL » : une scène montre la mère fumant du cannabis avec ses amis devant sa fille, qui l’imite ensuite. Or, les conséquences sur le cerveau en plein développement d’un adolescent ne seront pas les mêmes que sur un adulte. Les risques de troubles cognitifs et d’addiction sont bien plus élevés chez les jeunes. Il est essentiel de déconstruire ces représentations trompeuses et d’offrir des contre-discours éclairés.

Il m’est apparu intéressant d’utiliser la pop culture pour mieux diffuser de manière accessible des messages de prévention, reposant sur des informations scientifiquement prouvées. Mon objectif est d’aider les personnes, et notamment les jeunes, à mieux prendre conscience de leurs comportements à risque. Cela constitue selon moi le premier pas pour s’en libérer et reprendre sa vie en main.

Votre travail s’articule autour de la déstigmatisation des addictions. Pourquoi est-ce important ?

La stigmatisation est un frein majeur à la guérison. La culpabilité et la honte poussent les personnes concernées à se cacher, retardant ainsi leur prise en charge. Il faut rappeler que l’addiction n’est pas liée à un simple manque de volonté ou à un défaut moral. Il s’agit d’une maladie complexe, reconnue par la communauté médicale et scientifique. Elle se caractérise par une perte de contrôle sur la consommation d’une substance ou la pratique d’une activité, malgré les conséquences néfastes sur la santé, les relations et la vie quotidienne.

Quels peuvent-être les recours pour les personnes addictes ? Quel rôle peuvent jouer les associations ?

Il n’y a aucune fatalité vis-à-vis des addictions. Et il est important de savoir qu’à toutes les étapes de la maladie, on peut accéder à des soins et aller mieux. Nous avons la chance en France de pouvoir avoir accès à une prise en charge en grande partie gratuite, à des consultations avec des médecins addictologues, des hôpitaux de jour, des psychothérapies, etc.

Les associations jouent un rôle indispensable pour compléter et renforcer l’action des pouvoirs publics et des structures de santé. Elles permettent d’orienter des personnes vers les filières de soin adéquates. Elles développent également des groupes de parole et des ateliers pour favoriser les échanges et l’entraide entre familles. Ce travail est essentiel car on sait que les familles des personnes souffrant d’addictions sont souvent démunies et fragilisées.

J’encourage vivement toutes les associations à répondre à l’appel à projets « Génération Zéro Addiction » avant le 14 juillet 2024. Il me tarde de faire partie du jury du prix Atout Soleil et de découvrir les actions concrètes de ces associations de terrain qui œuvrent pour la prévention, la lutte contre les addictions et l’accompagnement des personnes concernées et de leur entourage.

Focus

Conférence "Génération zéro addictions : décryptage et solutions" par Jean-Victor Blanc

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