L’entourage tient une place centrale dans la lutte contre les addictions. Conjoints, parents, amis, collègues peuvent jouer un rôle déterminant pour accompagner les personnes addictes et les aider à prendre conscience de leurs comportements. Leur prise en charge est également indispensable car ces personnes sont souvent les premières à souffrir de l’addiction d’un proche. Cependant, l’influence de l’entourage peut aussi être ambivalente, car l’environnement familial et social reste un des principaux facteurs de reproduction des pratiques addictives.

Pour la 17ème édition de son opération de mécénat Atout Soleil, intitulée « Génération zéro addiction », le fonds de dotation Nos Épaules et Vos Ailes récompensera le 3 décembre prochain quinze associations qui agissent au quotidien pour protéger et accompagner les jeunes mais aussi leurs familles face aux multiples formes d’addictions (tabac, alcool, drogues, écrans, jeux d’argent, etc.).

Crédit : Fauxels

Un environnement familial et social aux influences multiples

Les addictions sont des maladies qui prennent souvent racines dans des contextes de vie collective où les habitudes de consommation, qu’il s’agisse de tabac, d’alcool ou de drogues, sont partagées en famille, entre amis ou entre collègues. Ces comportements s’inscrivent dans des moments festifs et socialement valorisés, ce qui rend parfois difficile de discerner la frontière entre l’usage et l’abus.

Il est clairement établi que l’entourage peut parfois être un vecteur de reproduction de pratiques pouvant être addictives. Le risque de dépendance est deux à trois fois plus élevé chez les adolescents dont les parents sont fumeurs ou ont des antécédents d’abus d’alcool. Pour le cannabis, les enfants dont les parents sont des consommateurs réguliers présentent un risque deux fois plus élevé de dépendance. « Voir un parent fumer ou consommer de l’alcool régulièrement peut fausser la perception des risques liés à l’usage de substances », explique le docteur Jean-Victor Blanc, médecin psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine à Paris et grand témoin de la 17ème édition du prix Atout Soleil. « Pour un enfant ou un adolescent, ces gestes peuvent apparaître normaux, voire anodins, ce qui diminue leur capacité de dissuasion. »

Les addictions ont par ailleurs tendance à isoler socialement les personnes addictes : « les troubles du comportement qu’elles occasionnent conduisent les malades à s’éloigner de leurs proches et à concentrer leurs relations sociales vers des personnes qui partagent les mêmes addictions, relève le docteur Blanc. Il faut donc être conscient que l’entourage peut avoir une influence négative sur la trajectoire d’une personne addicte. »

Des proches souvent laissés pour compte dans la prise en charge

Pendant longtemps, l’entourage des personnes souffrant d’addictions a été mis à l’écart des dispositifs de prévention et d’accompagnement, soit pour des questions de confidentialité, soit parce qu’il était perçu comme un facteur aggravant.

Aujourd’hui, les experts en prévention et en addictologie reconnaissent l’importance d’impliquer les proches dès les premiers signes de dépendance. « L’entourage est le mieux placé pour intervenir dès l’apparition de conduites addictives et aider la personne dans sa prise de conscience », souligne le docteur Blanc.

Les Centres de soins et d’accompagnement en addictologie (CSAPA) et plusieurs associations proposent ainsi aux proches, et notamment aux parents de jeunes addictes, des ressources pour comprendre la nature des addictions et les comportements associés.
Cette sensibilisation aide à réduire le fossé entre les perceptions des jeunes et celles des adultes. L’objectif est notamment de rétablir un dialogue familial sur les comportements à risque, en aidant les parents à assumer leur rôle de médiateurs face aux influences extérieures et à comprendre l’importance de leur propre exemple, notamment en matière de tabac et d’alcool.

« La méconnaissance du phénomène peut en effet aller dans les deux sens, celui de la banalisation ou de l’exagération », précise le docteur Blanc. « D’un côté, certains parents minimisent les comportements de consommation, les considérant comme des ‘‘rites de passage’’ normaux chez les jeunes. De l’autre, certains dramatisent la situation, interprétant chaque consommation comme un signe de dépendance avancée. » La difficulté réside donc dans la capacité à trouver le juste équilibre entre la formulation d’une inquiétude légitime et une attitude trop dramatique qui pourrait briser le dialogue avec l’adolescent.

Un défi générationnel et de perception

Les différences générationnelles dans la perception des risques compliquent souvent la discussion autour des addictions. « Le cannabis est aujourd’hui cinq à dix fois plus puissant que dans les années 1970, explique Jean Victor Blanc. « Certains parents ont tendance à le banaliser, par méconnaissance de sa forte teneur en THC aujourd’hui, alors que les dangers liés à cette substance sont infiniment plus graves qu’il y a quelques décennies. »

Cette difficulté à percevoir correctement les risques peut aussi être illustré avec l’exemple des écrans. « De nombreux parents s’inquiètent du temps passé par leurs enfants sur leur téléphone, devant leur ordinateur ou leurs jeux vidéos, rappelle le docteur Blanc. Mais cette sur-consommation d’écrans n’est pas forcément synonyme d’addiction. Nous utilisons tous les écrans dans notre vie de tous les jours, pour travailler, échanger avec des amis, effectuer des recherches en ligne, etc. La notion de cyberdépendance est très difficile à caractériser et les chercheurs en addictologie ne sont pas encore parvenus à établir une définition claire. Mais ce que l’on peut rappeler, c’est que comme pour les autres addictions, elle se traduit par un phénomène de perte de contrôle vis-à-vis de la consommation et par des conséquences tangibles sur la vie de l’individu (santé, vie sociale, conséquences financières, etc.). »

Soutenir l’entourage pour mieux accompagner l’addiction

Il ne faut pas sous-estimer l’impact psychologique que l’addiction d’un proche peut avoir sur ceux qui l’entourent. Conjoints, parents, amis, collègues peuvent jouer un rôle déterminant pour accompagner les personnes addictes et les aider à prendre conscience de leurs comportements. Ils ont besoin, eux aussi, d’un soutien. Ils sont souvent tiraillés entre la volonté d’aider et le besoin de se protéger et peuvent rapidement se sentir submergés par la gravité de la situation.

Lorsque des familles se retrouvent dépassées par des difficultés qui excèdent leurs compétences éducatives, l’objectif est de leur offrir rapidement des ressources pour éviter que la situation ne s’aggrave et que la communication ne se détériore. Ces dernières années, des espaces d’accueil et d’écoute se sont développés. Ouverts à tous, accessibles et sans jugement, ces lieux jouent un rôle clé en proposant de l’aide pour désamorcer des crises, ainsi que des temps de médiation et d’échanges avec d’autres parents. Les groupes de parole entre parents permettent des partages d’expérience précieux, en complément de l’intervention de professionnels de la prévention, de médecins de famille ou de pédiatres.

Le fonds de dotation Nos Épaules et Vos Ailes remettra le prix Atout Soleil à 15 associations qui œuvrent chaque jour dans la lutte contre les addictions. Beaucoup d’entre elles développent des initiatives novatrices pour soutenir les proches de jeunes en proie aux addictions, ou pour agir en prévention dès le plus jeune âge. Rendez-vous le 3 décembre prochain à Paris pour découvrir les lauréats du prix Atout Soleil 2024 !

EN SAVOIR PLUS :
Retrouvez le replay du webinaire organisé par Nos Épaules et Vos Ailes avec le docteur Jean-Victor Blanc, médecin psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine à Paris et grand témoin de la 17ème édition du prix Atout Soleil, sur la thématique du rôle de l’entourage dans la lutte contre les pratiques addictives.

 

 

QUELLES SONT LES INITIATIVES CONCERNÉES PAR L’APPEL À PROJETS ?

Afin de prévenir et de lutter contre les conduites addictives chez les jeunes, Atout Soleil a choisi, pour sa 17ème édition, de récompenser les associations qui œuvrent pour prévenir les conduites addictives, qui aident les jeunes addictes à se soigner et à se libérer durablement de leurs addictions, et qui apportent du soutien et des solutions à leurs familles.

Axe 1. Lutter contre les pratiques addictives des plus jeunes

  • Offrir aux parents des lieux d’écoute et d’aide à la parentalité pour les informer sur les pratiques addictives et leur donner les outils pour faire face aux pratiques addictives de leurs enfants.
  • Mener des projets de prévention des collégiens, des lycéens et des étudiants pour leur faire adopter des comportements responsables et des choix favorables à leur santé. Une attention particulière sera portée aux projets proposant une approche innovante, ludique, favorisant l’implication des jeunes (jeux, théâtre, forum, etc.)
  • Favoriser un environnement protecteur en réalisant des actions de prévention en milieu festif, estudiantin…
Axe 2. Reconnaître l’addiction et se soigner
  • Faciliter l’accès ou l’adhésion aux parcours de soins des jeunes, notamment les plus vulnérables, grâce à des solutions innovantes (numérique, etc.)
  • Outiller et soutenir les pratiques des professionnels (santé, social, éducatif, etc.) pour repérer et orienter les jeunes dès les premiers usages problématiques de produits ou d’écrans/jeux et promouvoir des actions incluant leur entourage (parents, fratries, proches, etc.)
  • Soutenir et accompagner les familles et l’entourage de l’usager et développer des programmes de soutien à la parentalité
Axe 3. Se libérer des addictions et se projeter dans l’avenir
  • Proposer des lieux d’hébergements/lieux ouverts aux adolescents et jeunes adultes qui leur permettent de retrouver un rythme de vie et de reprendre confiance en soi
  • Développer des activités (sportives, artistiques, sociales, psychocorporelles) permettant aux jeunes de renforcer leur capacité d’agir, d’améliorer leur santé mentale et de rompre avec des environnements de vie influençant positivement la pratique de conduites addictives

Sont exclues de l’appel à projets les addictions alimentaires et TCA (troubles du comportement alimentaire).

LES ASSOCIATIONS CANDIDATES :
ADDICTION MEDITERRANEE, ADDICTIONS FRANCE, ANPAA, ADDICTIONS FRANCE LOIRE ATLANTIQUE, ADDICTIONS FRANCE NOUVELLE-AQUITAINE, ADEFO, ADOSEN PREVENTION SANTE MGEN, ALT : PREVENTION, ACCOMPAGNEMENT ET SOINS EN ADDICTOLOGIE, AMIS DE JEUDI DIMANCHE, ART DANS LA CITE, ARTETSI, ADDICTIONS FRANCE DIRECTION REGIONALE PREVENTION FORMATION EN PAYS DE LOIRE, ASSOCIATION AL’BATROSS, ASSOCIATION ANGOUL’LOISIRS, ASSOCIATION ARGILE, ASSOCIATION AVENIR SANTE, ASSOCIATION DE SANTE ET DE SOLIDARITE APLEAT ACEP, ASSOCIATION E-ENFANCE / 3018, ASSOCIATION EPISODE, ASSOCIATION GROUPE PASCAL, ASSOCIATION LE CERCLE ANDALOU, ASSOCIATION LE MAIL, ASSOCIATION LITTORAL PREVENTIONS INITIATIVES, ASSOCIATION NATIONALE EDVO, ASSOCIATION RIMBAUD, BERGERIE DE BERDINE, BUREAU INFORMATION JEUNESSE DE LA NIEVRE, CALANDRETA DELS DALFINETS, CEID BEARN ADDICTIONS, CENTRE D’ACCUEIL ET DE SOINS POUR LES TOXICOMANES (CAST), CENTRE DES WADS – CMSEA, CENTRE REGIONAL D’INFORMATION ET DE PREVENTION DU SIDA ET POUR LA SANTE DES JEUNES ÎLE-DE-FRANCE (CRIPS ÎLE-DE-FRANCE), CIRCEA, CIRDD ALSACE, COMITE REGIONAL ADDICTIONS ALCOOL VIE LIBRE, COMPAGNIE DES CONTRAIRES, CROIX BLEUE ALSACE, CROIX-ROUGE FRANÇAISE – FILIERE PROTECTION DE L’ENFANCE, CSAPA (CENTRE DE SOINS , D’ACCOMPAGNEMENT ET DE PREVENTION EN ADDICTOLOGIE), CSAPA PIERRE NICOLE, DIRE DEPENDANCE INFORMATION REFLEXION ECOUTE, DROGUES ET SOCIETE, ECOUTER ET PREVENIR, EDUCATION LIENS PREVENTION, ENOSIA, ENTRAID’ADDICT 28, ENTRAID’ADDICT 44, ENTRAID’ADDICT 64, EPICE82, ESPOIR 18, FEDERATION ENTRAID’ADDICT; FEDERATION ENTRAID’ADDICT, FÊTE DE LA VIE, FONDATION EDITH SELTZER, FONDATION ILDYS, FONDS DE DOTATION DU CHU DE NANTES, FONDS DE DOTATION INNOVEO DU CHU DE BREST, G-ADDICTION JEUNESSE CITOYENNE, GROUPE SOS JEUNESSE, IL FAUDRA LEUR DIRE, ITHAQUE, JS LAVAL MAGHREB, L’ARBRE DES CONNAISSANCES , LA BOUSSOLE, LA DICTION LIBRE, LA PAUSE BRINDILLE, L’ASTROLABE, LE PHARE – FAMILLES FACE A LA DROGUE, LE TRIMARAN, LES APSYADES, LES SENS DES MOTS, LEVE LES YEUX, LIBERTE COULEURS, LIGUE CONTRE LA VIOLENCE ROUTIERE ANTENNE DEPARTEMENTALE DE MOSELLE, LPO OCCITANIE, MAIN TENDUE 31, MAISON DES FAMILLES DE VAULX EN VELIN, MANALIA, NOUR, OPPELIA, OPPELIA CSAPA LAC D’ARGENT, OPPELIA LA ROSE DES VENTS, PARTAGEONS ENSEMBLE 34, PEANUTS, REZONANCE, SAF FRANCE, SCREENPEACE, TREMPLIN 17, UNIS-CITE, VIVRE SANS ADDICTION ALCOOL, VOISINMALIN

POUR EN SAVOIR PLUS :

A propos de nos Epaules et vos Ailes

Nos Epaules et vos Ailes est le fonds de dotation de l’association GPMA. Celui-ci accompagne des projets d’associations qui agissent contre toutes formes de fragilités sociales. L’accompagnement d’associations par le fonds de dotation se fait sur trois axes :  6 associations partenaires sont soutenues de manière récurrente, les autres associations sont soutenues ponctuellement via le prix Atout Soleil ou le programme de mécénat ponctuel. Chaque année depuis 2007, en partenariat avec le groupe Generali et La Médicale, le prix Atout Soleil récompense une quinzaine d’associations qui agissent auprès des personnes vulnérables.

A propos de l’association GPMA

GPMA, Groupement Prévoyance Maladie Accident, créée en 1977, est une association Loi 1901 qui s’attache à faire vivre des valeurs d’entraide, d’accompagnement et de solidarité pour le compte de ses 500 000 adhérents (GPMA dispose d’un fonds d’entraide destiné à ses adhérents en situation de précarité) dont la vocation est de souscrire des contrats collectifs de type groupe ouvert en prévoyance auprès de son partenaire assureur Generali.

https://www.gpma-asso.fr/

À PROPOS DE GENERALI FRANCE

Generali France est aujourd’hui l’un des principaux assureurs de l’Hexagone et propose aux clients particuliers, professionnels et entreprises une offre complète de solutions d’assurances (santé, prévoyance, assistance, biens et responsabilité), d’épargne patrimoniale et de gestion d’actifs à plus de 7,4 millions de personnes. Implanté en France depuis 1832, Generali France s’appuie sur le savoir-faire et l’expertise de ses 9 000 collaborateurs et de ses réseaux intermédiaires commerciaux, agents, courtiers, partenaires pour être le partenaire de ses clients tout au long de leur vie. Entreprise engagée dans une démarche RSE globale, Generali France accompagne ses clients vers une économie plus responsable, durable et inclusive au travers de solutions en parfaite adéquation avec les enjeux sociétaux et environnementaux de notre monde actuel.

Plus d’informations sur https://www.generali.fr

A propos de La Médicale

Filiale de Generali France, La Médicale est un acteur majeur sur le marché de l’assurance des professionnels de santé. Avec 567 millions d’euros de primes engrangées et plus de 600 000 contrats en portefeuille à fin 2021, La Médicale est le partenaire de plus de 300 000 clients sur l’ensemble du territoire français. Son réseau spécialisé de 128 agents généraux, répartis dans 45 agences, en fait un acteur unique pour sa souplesse et sa capacité d’accompagnement de chaque professionnel, dans son activité comme dans sa vie personnelle, afin de lui assurer la meilleure protection possible.

Plus d’informations sur : lamedicale.fr

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