Le sucre, un produit aux effets addictifs sous-estimés
Le sucre a un redoutable pouvoir de séduction, voire d’addiction sur notre organisme et c’est bien là le problème ! Les chercheurs ont montré que le goût sucré dans la bouche active dans le cerveau le « système de récompense » et la sécrétion de la dopamine, cette hormone qui entraîne un sentiment de plaisir, et de la sérotonine, baptisée « l’hormone du bonheur ». Cela a pour conséquence, l’envie de renouveler l’expérience en mangeant à nouveau un aliment sucré. Ce qui fait dire à de nombreux spécialistes, établissant ainsi un parallèle avec le tabac, qu’on a sûrement trop longtemps sous-estimé le potentiel addictif des produits riches en sucre. Pour résumer : le sucre appelle le sucre et c’est pour cela que pour beaucoup de personnes, il est difficile, voire très difficile, d’éviter une surconsommation d’aliments sucrés, avec, hélas, à la clé, des conséquences qui peuvent être néfastes.
Pour bien manger, mangez moins sucré
Cet état de bien-être que provoque le sucre se traduit dans les chiffres : en France, nous consommons 100 g de sucre par personne et par jour. Or, l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) recommande d’en manger la moitié, voire le quart pour rester en bonne santé. 25 gr de sucre correspondent à 5 morceaux de sucre ou 5 cuillérées à café par jour. Cela peut sembler une dose facilement accessible. Oui, mais c’est sans compter sur le sucre « caché », invisible, présent où on ne l’attend pas : dans la majorité de l’alimentation industrielle où il apparaît sur les étiquettes sous différentes appellations : glucose, fructose, amidon, sirop de maïs… Mais, ne nous y trompons pas, c’est bien de sucre qu’il s’agit et il est important de les lire avec attention !
Le phénomène de « glycation »
Présent en excès, le sucre non utilisé par l’organisme est immédiatement transformé en graisse par le foie. Ainsi, un régime trop riche en sucre a des conséquences négatives sur le métabolisme et les fonctions cellulaires, entraînant des pathologies souvent graves : obésité, diabète, athérosclérose, insuffisance rénale, etc. Mais il favorise aussi ce phénomène encore peu connu du grand public, mais qui fait désormais l’objet de nombreuses études, nommé « glycation ». Il s’agit d’une réaction chimique provoquée par la fixation du sucre sur les protéines qui se produit spontanément dans l’organisme et intervient largement dans le processus naturel du vieillissement.
Des recherches récentes ont montré que cette glycation est accélérée en cas de quantités trop fortes de sucre (hyperglycémie). Avec, notamment, des conséquences sur le cerveau, favorisant le développement de maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer, et risquant d’entraîner des troubles de l’apprentissage et de la mémoire, le fructose ralentissant le cerveau et les facultés de mémorisation.
Non aux plats cuisinés !
Mais de quel sucre parle-t-on ? Il faut en effet distinguer le « bon » et le « mauvais » sucre et on ne peut pas mettre sur le même plan le sucre fourni naturellement, par exemple, par les fruits ou les céréales, et celui, raffiné et ajouté, contenu dans un soda ou un plat cuisiné industriellement. Les premiers ne posent pas de problème à condition de ne pas être consommés en excès. Le danger vient de l’ajout de sucre – issus du saccharose, sirop de fructose, sirop de maïs, édulcorant… – dans tous les produits industriels où ils sont omniprésents. Or, cette alimentation-là représente aujourd’hui les trois quarts de notre consommation.
Notre conseil est de favoriser les aliments dont l’index glycémique. Eux seuls permettent une libération lente et progressive du glucose, c’est-à-dire du sucre, dans le sang.
Quels aliments ? Les fruits, les légumes, les légumineuses (comme les lentilles, les pois…), les céréales (riz basmati, quinoa…), les pains, pâtes et riz complets, ou demi-complets. En revanche, il est conseillé d’éviter les boissons sucrées (jus de fruits, sodas…), barres chocolatées, desserts industriels ainsi que les plats préparés qui, même salés, contiennent une bien trop grande quantité de sucre : surgelés, conserves, sauces, soupes, charcuterie, biscottes…
Les boissons sucrées, quant à elles, ont un pouvoir encore plus néfaste puisque le sucre que l’on boit est encore plus mauvais pour l’organisme que le sucre mâché : dès qu’il est avalé, il est oublié car sa sensation de douceur est encore plus éphémère. On peut ainsi en boire de grandes quantités dans une journée sans même s’en rendre compte. En outre, boire sucré ouvre l’appétit. Les jus de fruits industriels, même estampillés « sans sucres ajoutés » contiennent autant de sucre que les sodas, contrairement aux jus frais.
Le sucre industriel, ennemi caché
Le sucre industriel, blanc ou beige (le saccharose) est fabriqué à partir de canne à sucre ou de betteraves. Totalement raffiné, il ne contient plus de vitamines, ni d’enzymes, ni d’oligoéléments. Résultat, privé de ces trois composants, il ne peut se transformer en l’énergie dont notre métabolisme a besoin. L’indice glycémique (IG) d’un aliment réalisé avec du sucre raffiné est très élevé, qui se traduit par une augmentation du taux de sucre dans le sang. Son seul « intérêt » ? Faire plaisir, très brièvement, à nos papilles. Son danger ? Nuire, durablement, à notre organisme.
L’indice glycémique (IG)
L’indice glycémique est un critère de classement des aliments contenant des glucides, basé sur leurs effets sur la glycémie durant les deux heures suivant leur ingestion. Il permet de comparer le pouvoir sucrant de chaque aliment, mesuré directement lors de la digestion. L’index glycémique de chaque aliment diffère selon la façon dont il est préparé et associé à d’autres aliments. Plus l’index glycémique est élevé, plus les glucides contenus dans l’aliment sont libérés dans le sang. L’index glycémique se mesure sur une échelle qui va de 0 à 100. Même s’il n’est pas parfait – chaque personne ayant un métabolisme différent, l’index peut varier d’un individu à l’autre – l’IG constitue un bon repère.
Sucre et flore intestinale
Très acidifiant, le sucre déséquilibre la flore intestinale, faisant ressentir de l’acidité gastrique, différents troubles digestifs, des ballonnements, etc.
Alors, comment remplacer le sucre ?
- Par de vrais fruits, qui constituent en quelque sorte le sucre « idéal » car totalement naturel (en plus d’être riche en minéraux, fibres, vitamines…)
- Du miel brut : il est connu pour son activité antimicrobienne et antifongique et par sa grande quantité de nutriments, attention, toutefois, comme son indice glycémique (IG) est assez élevé, il convient de l’ajouter en fin de cuisson.
- Du sirop d’agave : son pouvoir sucrant est deux fois plus élevé que le miel, mais il est riche en fructose. Il est préférable de l’utiliser avec modération.
- Du sirop d’érable : moins calorique que le sucre à quantité égale, il est également très riche en antioxydants.
- Du sucre de bouleau : il possède un indice glycémique (IG) très faible ; son pouvoir sucrant double à la cuisson.